Cinq Matins de Trop - Kenneth Cook - 1961

Quatrième de couverture:

Jeune instituteur dans l’Outback, au coeur de l’Australie, John Grant doit passer la nuit à Bundanyabba avant de s’envoler pour Sydney. Il dépose ses valises à l’hôtel, va boire un verre et jouer dans l’un des nombreux pubs de cette petite ville torride et poussiéreuse, où tout le monde s’ennuie... Cinq matins de trop nous fait vivre le cauchemar éveillé d’un homme ordinaire, qui devient peu à peu accro à l’alcool, au jeu, au sexe, à la violence, jusqu’à l’autodestruction.

John Grant, un jeune instituteur qui enseigne à Tiboonda, bourgade située dans le fin fond du bush australien, s'apprête à rentrer à Sydney pour 6 semaines de congés. Un chèque de 140 livres et quelques billets en poche, c'est avec une joie non dissimulée qu'il envisage son retour à la civilisation et à un climat beaucoup moins hostile que celui de l'ouest australien.

Pour atteindre sa destination, Grant doit tout d'abord transiter par Bundanyabba, sorte de gros bourg dans lequel il doit passer une nuit. Et c'est là que va se jouer le destin de notre jeune instituteur. Il fait tout d'abord la connaissance de Jock, un policier plus ou moins corrompu, qui l'entraîne dans une tournée des bars puis au Two-Up School, censé servir les meilleurs steaks de la ville. Mais le Two-Up School est surtout un lieu dans l'arrière-cour duquel des sommes considérables sont jouées à pile ou face.

Jock conduit Grant à l'arrière-cour en attendant que son steak soit préparé. Ce dernier voit alors défiler des sommes considérables perdues aussi rapidement qu'elles ont été gagnées. Après le départ de Jock, autant par désoeuvrement que par intérêt, il retourne dans l'arrière-cour, et ne peut cette fois s'empêcher de parier. La chance est de son côté, et c'est avec 200 livres de gains qu'il retourne à son hôtel.

Seulement voilà. Devant tant d'argent si facilement gagné, et sans doute un peu groggy après les quantités phénoménales de bière ingurgitées en compagnie de Jock, Grant ne peut s'empêcher de retourner au Two-Up, histoire de doubler la mise et de partir pour Sidney les poches remplies d'argent. Bien entendu, cette fois, il perd tout. Et pas seulement son argent liquide. Envolé également son chèque de 140 livres et par là-même...le séjour à Sydney si longtemps attendu.

Un peu désemparé, se demandant comment il va bien pouvoir quitter Bundanyabba, Grant fait la connaissance de Hynes, son deuxième mauvais génie, qui lui aussi l'abreuve de bière avant de l'inviter chez lui. Cette rencontre amène Grant à plonger dans l'alcool, et à participer à une chasse au kangourou en compagnie d'individus plutôt louches (un passage du livre déconseillé aux amis des animaux, ladite partie de chasse s'apparentant à un véritable carnage ...).

Comprenant qu'il doit quitter son hôte s'il veut sortir de cette spirale alcoolisée, tourmenté par cette chasse barbare à laquelle il a participé, Grant décide de gagner Sydney coûte que coûte, en faisant la route avec les rares personnes qui transitent par Bundanyabba. Un premier chauffeur le mène jusqu'à la ville de Yindee, où la chance semble enfin sourire à Grant: celui-ci aperçoit un camion dont la provenance est peinte sur la portière: SYDNEY.

Il réussit non sans mal à convaincre le propriétaire du camion de le mener jusqu'à son terminus. Grant, qui s'est assoupi, découvre à son réveil qu'il se trouve à nouveau à Bundanyabba. Le chauffeur lui explique alors que l'adresse de Sydney peinte sur la portière concernait les anciens propriétaires du camion, et que lui-même n'effectue que des trajets locaux.

La fin du livre, assez inattendue, est dévoilée après cet extrait:

"S'il avait laissé son argent...et si pile avait été lancé une seule fois de plus...Il n'aurait plus jamais besoin de retourner à Tiboonda. Il aurait gagné quatre-cents livres. En ajoutant son chèque à cela, il aurait pu rembourser le prêt du ministère de l'Education et avoir de quoi vivre pendant qu'il cherchait du travail à Sydney.

Un lancer de pièces. Cinq secondes et il aurait pu éviter une année entière à Tiboonda. Il aurait pu...Il pourrait encore...

Il s'assit sur le lit, et regarda l'argent. C'était merveilleux, mais qu'est-ce que ça lui apportait de plus que quelques semaines fabuleuses à Sydney? Ce serait fabuleux de toute façon, avec son salaire. Et s'il perdait les deux-cents livres, il en serait au même point que s'il avait perdu les vingt-deux livres du départ.

Mais s'il gagnait, il serait à Sydney demain, et il y resterait."

Désespéré, ne voyant plus aucune issue à sa situation, Grant décide d'utiliser la dernière balle qui lui reste de sa chasse au kangourou pour mettre un terme à son calvaire. Il se tire donc une balle dans la tête, se rate, et se retrouve à l'hôpital. A sa sortie, il prend le train qui le ramène à Tiboonda, se promettant de ne plus jamais boire de sa vie...sauf en bonne compagnie.